La semaine dernière, je suis allé voir une exposition au Musée des Beaux Arts de Montréal appelée ‘Échauffement planétaire’. Avant même de rentrer dans la salle, je savais un peu à quoi m’attendre. Je savais que l’on traiterait du réchauffement planétaire. Pourtant une fois à l’intérieur, je fus heureusement surpris de découvrir que l’on pousse la gravité de la situation actuelle beaucoup plus loin. L’exposition met en scène des œuvres commentant des actes de terrorisme, de racisme, d’extrémisme politique et d’habitudes sociales qui mènent à des abus et des violences. « Si la destruction, la damnation et la catastrophe traversent toute l'histoire de l'art, ces réalités prennent aujourd'hui une forme et une signification alarmantes dont l'art est le témoin anxieux » explique Stéphane Aquin, conservateur de l'art contemporain au MBAM. Cette expo est une bouteille à la mer pour faire réfléchir les gens, mais surtout les faire agir.
Une des œuvres que j’ai préférée est celle de Michal Rovner. Très simplement, l’artiste nous présente l’individualisme et l’égoïsme de l’homme. C’est une pierre posée par terre, ou l’on retrouve au centre un creux en forme de demi-sphère. Un projecteur placé juste au-dessus de la pierre projette une multitude de petits individus qui tentent de monter par eux-mêmes, mais n’y réussissent pas. Dès le premier coup d’œil, cette mise en scène me fit penser à un dicton : Un pêcheur de crabes se retrouve avec deux paniers. Dans le premier, les crabes tentent de manière individuelle de sortir et dès qu’ils voient que l’un réussit plus que les autres, ils le tirent vers le fond. Dans le deuxième les crabes tentent de former une échelle pour sortir du panier et finissent par y réussir grâce à leur travail d’équipe. Dans l’œuvre de Rovner, si les individus se mettaient ensemble afin de créer une échelle pour sortir, ils y réussiraient. Par contre, ils ne pensent qu’à eux-mêmes et ceci leur bloque la vue aux profits de l’entre-aide. Peut-être que les hommes devraient arrêter de penser à leurs cas particuliers et voire les profits de l’entre-aide. Non seulement sur un niveau micro, mais aussi au niveau macro. Il semble qu’aider son prochain est pour Rovner la solution à notre crise présente. Une des nombreuses façons envisageables pour remédier à notre situation de violence, de haine et de peur. À la première minute de cette vidéo, on peut avoir une meilleur idée de l'ouevre de Rovner.
http://www.youtube.com/watch?v=xHxhy2iSgT8&feature=related
Tony Matelli est aussi un artiste présent à cette exposition. En fait, en rentrant c’est sa sculpture ‘Old Enemy, New Victim’ que l’on voit en premier. Matelli nous présente une sculpture de trois singes en train de se battre. La violence de la scène nous choque. Le premier, le plus gros se fait attaquer par les deux plus petits et plus maigres. C’est un travail dont les oppositions attirent. Gros versus maigre. Grand versus petit. Homme versus femme. Le fait que cette sculpture soit faite avec autant de précision et de détail impacte a la première vue. En regardant cette œuvre, grand nombre de personnes la prennent avec un regard distant, explorateur et critique vers autrui. On se dit que ces actes n’appartiennent qu’aux animaux comme le singe. Ils observent la scène comme ils regarderaient des étrangers se battre. Pourtant, il faut comprendre qu’on est descendants d’eux et qu’on est autant capable d’en faire autant. L’homme peut effectivement rentrer dans un stade de violence primitive qui ne caractérise habituellement que les animaux. Peut-être devrions-nous donc nous autocritiquer et pas seulement les autres, si l’on veut progresser. Cette sculpture peut autant représenter vous et moi en se battant, comme il le fait avec ce trio de singes. Tous les jours on entend de gens se battre violemment pouvant atteindre de niveaux extrêmes tels que le viol, le meurtre et la torture. Ces actes peuvent être causés par des raisons aussi simples qu’une dispute pour un peu d’argent. Il faut enfin arrêter de se battre impulsivement comme des animaux pour de raisons futiles et utiliser de notre caractéristique qui nous distingue d’eux : la raison. Il faut réfléchir. Cette œuvre pousse à l’autocritique et discrimine celui qui ne réfléchit pas avant d’agir.
Enfin, de Julie Moos, on peut voir Ken et Anita (2001), de la série « Monsanto ». Cette photo, parce que cette exposition nous présente plusieurs formes d’art, nous montre un homme et une femme, père et fille devant leurs plants de mais génétiquement modifiés. Il y a un certain humour dans cette photo puisque les éléments sont placés en échelle, comme pour mesurer les proportions de chacun. La position des personnages est singulièrement rigide. Quelque chose dans la scène ne semble pas naturel. Peut-être que Moos tente de faire comprendre que l’abus et l’outre-passage des lois de la nature ne sont pas naturels. Que nos valeurs à l’égard de la nature et le respect que l’on y accordait ont changé pour de nouvelles visions qui sont inhumaines. Ces deux individus ressemblent plus à des machines d’agriculture, dont l’efficacité est le critère le plus important, qu’à des humains qui cultivent de façon respectueuse la terre. Il faut humaniser nos rapports avec la terre que nous occupons. Il est démodé de croire que l’on peut user de notre terre sans penser aux conséquences pour elle et pour nous-mêmes aussi.
Bref, tous ces artistes nous préviennent sur la répercussion de nos actes et de leur impact certain sur les générations qui suivront. Toutes ces habitudes que l’on a et que l’on a apprises par apprentissage de nos parents et de notre passé doivent changer, on ne peut plus continuer comme ça. Déjà que la situation est très tendue maintenant, on ne peut se permettre qu’elle empire et atteigne de nouveaux niveaux. Surtout, car ce seront nos enfants ou petits-enfants qui l’auront à subir et pas nous. Le monde doit apprendre de ses erreurs et changer ses manières. Je pourrais rajouter qu’un facteur à rajouter à cette exposition est la popularisation de la violence par les médias et tout spécialement par le cinéma hollywoodien. Tous ces films allant des ‘Terminators’ et des ‘Rambos’ jusqu’à ‘Black Hawk Down’. On est tous habitués à voir des tueries, du sang et de la violence à la télé que grand nombre de personnes sans jugement vont ensuite croire que c’est la réalité et non quelque chose d’imaginé. Il faut réfléchir avec notre tête et nous dire que ce n’est pas réel et qu’il ne faut pas que ça le devienne.
No comments:
Post a Comment